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Complications

Au niveau du site de prélèvement, les cicatrices doivent être placées dans une zone discrète, en général dans un pli, ou en région péri-ombilicale. Nous n’avons pas enregistré de demande de patientes par rapport à une cicatrice disgracieuse du site de prélèvement. Nous avons eu un cas d’irrégularité de la région sus-iliaque qui a nécessité une correction secondaire par lipomodelage de la zone présentant un creux. La plupart des patientes sont satisfaites de la correction de l’excès graisseux, et ce bénéfice secondaire contribue probablement au taux de satisfaction très élevé de cette technique.

 

Une infection locale est survenue dans un cas sur 3000 interventions de lipomodelage réalisées par mes soins (de 1998 à 2017). Elle s’est manifestée par une rougeur péri-ombilicale, qui a été traitée sans difficulté par une antibiothérapie et l’application de glace localement. Il n’y a eu aucune conséquence à long terme de cette complication.

 

Au niveau du sein : les cicatrices doivent être bien positionnées, et doivent être placées dans le sillon sous-mammaire, ou dans son prolongement axillaire, ou en région aréolaire où les cicatrices sont toujours de bonne qualité. Il faut éviter la région pré-sternale, qui est plus à risque d’hypertrophie cicatricielle, et pourrait donner un petit point rouge correspondant à une hypertrophie cicatricielle. Les incisions sont habituellement pratiquement invisibles, car elles mesurent 1,5 mm du fait de leur réalisation au trocart. Dans les cas de chirurgie reconstructrice après cancer ou traumatisme, les cicatrices peuvent reprendre celle de la mastectomie ou de la tumorectomie.

 

13 infections sont survenues au niveau du site mammaire (13 infections sur 3000 interventions de lipomodelage thoraco-mammaire, réalisées personnellement). Elles se sont manifestées par une rougeur du sein. La suture correspondant à la zone de tissu transféré a été enlevée. Un écoulement de graisse trouble s’est manifesté. Les soins locaux ainsi que l’antibiothérapie associée à l’application de glace, ont permis une résolution complète de ces phénomènes sans aucune conséquence sur le résultat final. Un cas plus complexe a nécessité une antibiothérapie plus prolongée après avis d’un infectiologue.

 

Il est à noter que nous avons eu un cas de pneumothorax peropératoire (1 cas sur 3000 interventions réalisées par mes soins, et deux sur 6000 au sein de mon équipe jusqu’en 2017), probablement lié à une effraction de la plèvre avec la canule de transfert. Le pneumothorax s’est manifesté par une désaturation per-opératoire. En salle de réveil, un drain pleural a dû être mis en place et a permis une normalisation de la saturation et une restitution ad integrum sans conséquence ultérieure. Pour éviter cette complication, il faut traiter la projection de la zone aréolaire à partir de 2 incisions du sillon sous-mammaire, et non à partir de la région aréolaire. Depuis que nous appliquons ce principe, nous n’avons pas eu d’autre cas personnellement.

 

Nous n’avons jamais eu de cas d’embolie graisseuse. Ce risque pourrait survenir en cas d’injection graisseuse dans un gros vaisseau : la plus grande prudence est recommandée en région sous-clavière ; notamment dans les malformations thoraco-mammaires des syndromes de Poland, dans lesquels les vaisseaux sous-claviers peuvent être plus bas situés que dans l’anatomie normale du fait d’une brièveté de ceux-ci.

 

Dans 10% des cas peuvent survenir des kystes huileux se manifestant par une tuméfaction ronde et régulière sous la peau, qu’il est facile de traiter par une ponction simple au trocard, au cabinet (appeler votre chirurgien directement pour prendre un rendez-vous afin qu’il puisse réaliser cette ponction).

 

Nous avons retrouvé dans 3% des cas un foyer clinique de cytostéatonécrose solide. En début d’expérience (moins de 50 interventions pour un opérateur) ce taux est plus élevé, autour de 15 %; l’expérience chirurgicale du lipomodelage permet de réduire ce taux. Il s’agissait de tuméfactions fermes sur des cas de lipomodelage de seins reconstruits par lambeau de grand dorsal. Dans ces cas, il s’agissait de zones qui avaient été « forcées », où le site receveur ne permettait pas un transfert important de graisse. Lorsque le tissu receveur est saturé de graisse, il ne faut pas insister, sinon on s’expose à la formation de ces zones de cytostéatonécrose. Ces zones de cytostéatonécrose sont caractéristiques : légèrement sensibles et stables dans le temps, évoluant progressivement vers une diminution. En cas d’augmentation de volume, il faut se poser la question du diagnostic différentiel, que serait une évolution cancéreuse. Toute augmentation de volume d’une tuméfaction dure du sein, même sur sein reconstruit, doit faire l’objet d’une microbiopsie par un radiologue entrainé, afin d’éliminer une évolution cancéreuse toujours possible même de nombreuses années après la tumeur initiale.